L’Huile d’Olive, les idées reçues (1/3) : L’origine géographique est-elle un gage de qualité ?
21 janvier 2021
L’huile d’olive est un produit très apprécié et consommé dans le monde, et pourtant elle reste assez méconnue des consommateurs ; les campagnes de communication des industriels ont détourné les amateurs du jus vert des critères de choix objectifs d’une huile d’olive.
Alexis Muñoz est un élaiologue expert et producteur d’huile d’olive reconnue du monde de la Gastronomie. Il contribue à déconstruire les mythes autour de son produit phare et donne aux consommateurs toutes les clefs nécessaires au choix objectif.
Origine – Variété – Maturité… Dans cette suite d’articles, nous allons vous permettre de comprendre les critères qui ont réellement un impact sur la qualité d’une huile d’olive. Vous saurez tout de l’huile d’olive et serez en mesure de sélectionner les meilleures, ou celles que vous aimez !
L’origine du produit n’a pas d’impact sur sa qualité intrinsèque, c’est un critère subjectif !
La mise en avant systématique de l’origine des huiles d’olives trouvées soit dans les grandes surfaces, soit chez les détaillants, pourrait laisser penser qu’elle joue un rôle dans la qualité du produit, mais ce n’est pourtant pas le cas. Si l’attachement à un terroir peut influencer la perception du produit par le consommateur, l’origine du produit reste un critère totalement subjectif, contrairement au monde du vin.
Il est en effet important de distinguer les critères objectifs des critères subjectifs. Dans les critères objectifs, on retrouve :
• la variété de l’olive
• la maturité du fruit
• le conditionnement opaque protecteur de lumière
• le producteur
Ces derniers ont tous un impact sur la qualité intrinsèque d’une huile d’olive, à la différence des critères subjectifs que sont le prix, le packaging… ou l’origine géographique.
L’exemple de la France
En France, on constate une forte tendance au régionalisme et au chauvinisme.
Et pourtant la France produit moins de 3% de l’huile d’Olive qu’elle consomme !
Les consommateurs vont accorder beaucoup d’importance à l’origine du produit au détriment des critères qui comptent vraiment, et vont presque systématiquement privilégier une huile d’olive AOC provenant de la région auquel ils sont le plus attachés ou d’un pays qu’ils affectionnent et que l’industriel sait mettre en avant.
Il faut cependant rester vigilant car ces dernières sont en réalité des assemblages de variétés d’olives. La typicité propre à chaque variété ne peut donc pas être révélée et le consommateur s’habitue donc à des huiles au goût neutre pour la Grande Distribution, ou standardisé pour telle et telle région.
En ce qui concerne les mentions de l’origine, il faut là-aussi rester vigilant car elles sont généralement assez floues, voire trompeuses (“produit de l’U.E”, “huile d’olive d’origine communautaire”) et écrites en petits caractères au dos de l’étiquette.
Certaines huiles d’olive auront par exemple un nom qui laisse penser qu’elles sont fabriquées en France alors que l’étiquette indiquera le contraire.
En France, 50% des huiles d’olive commercialisées ne respectent pas la réglementation… Une donnée qui en dit long sur l’importance de choisir avec attention son huile d’olive.
AOP, AOC, ICG… Si toutes ces appellations rassurent une grande partie des consommateurs, elles n’indiquent donc en rien la qualité du produit. Elles garantissent juste l’authenticité du lieu. Mais mieux vaut privilégier ces huiles d’olive à celles des grands industriels qui arborent le « UE » ou « Non UE ».
« Dame Nature » ne tient pas compte des frontières définies par l’Homme. La qualité de tel ou tel fruit ne dépend donc pas de son pays d’origine…
Vous l’aurez compris, il ne faut donc pas acheter une huile d’olive pour son pays ou sa région de provenance.
Préférez plutôt les huiles d’olive indiquant : :
• 0 mélange, 0 assemblage, avec le nom de la variété clairement indiqué
• la maturité du fruit
• le lieu de fabrication
• le nom du producteur, qui doit être un moulinier et non pas l’agriculteur récoltant